Alors que le secteur bancaire en France a surfé sur une dynamique d’emploi positive ces dernières années, on constate avec stupeur que les effectifs totaux de ce domaine sont en baisse lente, mais régulière. Une situation paradoxale qui soulève diverses questions. Le point sur le sujet avec Edouard Coencas.
Une vague positive d’embauches
En 2022, les établissements bancaires français ont embauché 48 900 nouveaux salariés. Ce chiffre représente une augmentation de 21 % en comparaison avec l’année précédente, selon les données communiquées par l’Association française des banques (AFB). Les recrutements ont porté sur des fonctions et des niveaux de qualification variés, ce qui témoigne d’une forte demande de talents dans le secteur.
La majorité de ces recrutements concerne des postes liés à la relation client, tels que les chargés de clientèle en agence. Cette tendance souligne l’importance que le secteur bancaire continue d’accorder au service à la clientèle en tant qu’élément clé de différenciation sur un marché concurrentiel.
La baisse des effectifs
Malgré l’augmentation des embauches, l’effectif total du secteur bancaire connaît un lent déclin. Le nombre total d’employés est passé sous la barre des 350 000, soit une baisse de 0,4 % par rapport à l’année précédente et une diminution de 8 % au cours de la dernière décennie.
Cette baisse n’est pas uniforme dans toutes les institutions. Si certains établissements mutualistes ont connu une légère augmentation de leurs effectifs, d’autres, comme la Société Générale, prévoient de supprimer 3 700 emplois d’ici 2025 dans le cadre de la fusion de leurs réseaux de banque de détail en France.
France : l’égalité des sexes prévale dans le secteur bancaire
Le secteur bancaire connaît également une évolution significative en termes d’inclusivité et d’égalité homme-femme. Alors que le nombre total de femmes dans le secteur est resté stable depuis 2012, le nombre de femmes occupant des postes de direction a considérablement augmenté. Cette tendance indique une évolution positive vers l’égalité des sexes dans le secteur.
Toutefois, le chemin vers la parité est loin d’être terminé. Les échelons supérieurs du pouvoir dans la plupart des banques sont encore majoritairement masculins, et seules quelques institutions comme la Banque Postale et BPCE comptent des femmes dans leur direction générale.
Le défi de la fidélisation des salariés
L’AFB a constaté un nombre important de démissions l’année dernière, avec 8 400 départs, soit près de 60 % de plus que la moyenne des huit années précédentes. Ce turnover élevé suggère que si les banques parviennent à attirer de nouveaux talents, elles rencontrent en revanche des difficultés à retenir leurs employés.
En réponse à ces défis, le secteur bancaire fait évoluer son modèle de recrutement. Les banques ont de plus en plus recours à l’apprentissage, créent leurs propres parcours de formation ou embauchent des personnes sans expérience. Ce changement de stratégie est une reconnaissance de l’évolution des attentes de la main-d’œuvre et de la nécessité d’offrir des parcours de carrière plus flexibles et plus diversifs.